Rendez-vous par email : Karine

Karine nous vient du Nord de la France et travaille comme Intervenante-Pair. Elle se forme également au métier de Médiateure de Santé-Pair (MSP) au sein de la Licence Sciences Sanitaires et Sociales parcours MSP à l'université de Université Sorbonne Paris Nord à Bobigny.

Portrait d'après photo par Thibaud

Q : Bonjour Karine, j'espère que tu vas bien 😸 Est-ce que tu peux nous dire ce qui t'as conduit à exercer le métier d'Intervenante-Pair ?

R : Aider les autres a toujours fait sens depuis toute petite (et je n’ai pas beaucoup grandi en taille !!!) dans mon parcours professionnel et ma vie personnelle, jusqu’à m’oublier dans la relation à l’autre et de m’occuper voire d’anticiper les besoins, attentes, des autres.

Le trouble psychique sous jacent a pris toute la place en 2016 et je ne pouvais plus le cacher (inconsciemment), mes stratégies, ma sur adaptabilité n’étaient plus efficaces. J’ai sombré, par le corps qui m’a immobilisé et les pensées qui m’ont condamnée à l’isolement. Pour finalement prendre soin de moi, cadeau que j’ai mis quelques années plus tard à identifier, car la traversée a été plus que douloureuse.

Mais un jour, souhaitant aller de l’avant, j’ai entrepris en parallèle d’une entrée en formation,  de reprendre une activité professionnelle. Une offre de Médiateur de Santé-Pair (MSP) sur Indeed m’a particulièrement intriguée, je ne connaissais pas le métier mais les missions m’ont appelé. Partager son parcours de la maladie pour aider les personnes concernées par un trouble psychique. Je me suis informée brièvement sur le métier mais j’étais poussée par cette annonce, j’allais pouvoir parler de moi, oser, ne plus être dans « se taire », une sorte de renaissance dans la relation à l’autre. Stop à la confluence, j’allais exister.

Le milieu médico-social m’amenait à penser que la bienveillance et l’humanité seraient des valeurs respectées. L’entretien s’est bien passé et j’ai été retenue tout simplement… J’avais déjà des compétences dans l’accompagnement des personnes, ce qui me faisait le plus peur était l’intégration dans l’équipe.


Q : En général, à quoi ressemblent tes journées ?

R : J’arrive au travail en avance, j’aime arriver quand c’est calme. J’ai besoin de retrouver mes repères spatiaux (local, bureau…).

Je prépare mes affaires pour la journée, souvent j’ai une visite à domicile (VAD) le matin et une autre l’après midi.

Je prends connaissance de mes mails, du planning et j’écoute les collègues qui prennent le café et échange sur les personnes que nous accompagnons.

L’open-space est très vite « bouillonnant », speed… Six professionnelles ensembles et moi à coté qui écoute ce qui s’est passé les jours précédents.

Je ne travaille que 2 jours dans la semaine. L’organisation logistique se fait facilement, je pars en VAD souvent seule, parfois avec une collègue. L’objectif de la séance peut être défini et préparé et parfois, je vais être dans l’écoute et l’instant présent.

J’accompagne la personne environ 1h30 et je rentre. Je saisis mes transmissions sur le logiciel dédié et je prends mon repas avec l’équipe et l’équipe d’un autre service. L’ambiance est joviale, conviviale.


  Q : Avec quels outils tu travailles ?

R : Je travaille avec mes deux oreilles surtout. Mais je prends des supports pour proposer des aides à la détente (dessin, écriture, lecture , poésie, …), je propose la marche, la contemplation, le bain de nature et des jeux cognitifs pour améliorer l’attention, la concentration, la mémoire.

Je peux également proposer des outils tels que le GPS, le travail sur les réseaux, la compréhension de la maladie, des outils pour travailler sur les émotions, ou simplement des jeux avec un objectif de détente, de collaboration, d’ouverture.


Q :  De quoi tu es la plus fière ?

R : L’animation d’un atelier Vision Board en 2023 et en 2024 où les personnes concernées ainsi que les collègues ont été enthousiastes. Une personne a même mis son Projet d’Accompagnement Personnalisé en image, et cela l’aide à concrétiser ses objectifs.


Q : À quels problèmes tu fais face au quotidien ?

R : Je fais face tous les jours à une lutte intérieure, comme si je devais négocier perpétuellement avec moi-même pour aller vers.

Une partie de moi m’amènerait à être dans le désespoir, la mélancolie avec la souffrance liée à l’abandon, le rejet. Comme si le monde était toujours très toxique, pervers, et une autre partie de moi lutte et se lève et affronte ses peurs, ses angoisses en mode guerrière, une rage de vivre.


Q : Qu’est-ce que tu fais quand tout va mal ?

R : J’ai tendance à m’isoler pour vivre une bonne solitude, celle qui ressource, apaise par le sommeil, la lecture, les films, l’écriture, le dessin, les marches, la contemplation, le zazen, les chats.

D’autres fois, je vais chercher le soutien de mes amies, amis, des échanges profonds dans l’intimité ou des sorties cinéma, théâtre, concert, restaurant, randonnées, un spa, un massage, un voyage.

Je me programme des stages également dans l’année car je sais que je ne suis pas toujours disciplinée pour me faire du bien, je pratique la méditation  2 fois par an ( 4 jours en silence dans une abbaye), je pratique des stages de yoga 3 à 4 fois par an.


Un grand MERCI Karine, pour le temps que tu as consacré à cet exercice ! Pour l'authenticité de ton propos et pour ta réactivité. J'espère qu'on pourra aller plus loin en ce sens lors d'une prochaine Bibliothèque de Livres Vivants ?